ÊTRE ET NON ÊTRE

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Être et non être sortant d’un fond unique

commande publique artistique relative à la conception et réalisation d’une sculpture lumineuse symbolisant le dialogue inter-religieux.
Ville de Deauville, 2013

Des digues ou remblais, semblables aux berges des canaux ou des retenues d’eau, forment une sorte de dune évidée. Le thème originel du tumulus est évoqué, avec la dimension de sacré qui lui est associée. Cette proposition, proche de l’esprit du land-art, fait aussi écho à l’origine de Deauville, construite «sur quelques arpents de marais et de dunes». La proximité immédiate du port et des bassins conforte cette option de formes sculptées par – ou pour – l’eau et la mer. Chacune des huit ouvertures de l’arène est l’aboutissement d’un chemin ou sentier. Mais d’autres chemins ou éléments de gradins pourraient être indiqués à flan de dune, facilitant l’accès à tout type de public. Cet entrelacs de trajectoires formerait ainsi un labyrinthe autour et vers le noeud au centre de l’arène qui, le soir, devient une colonne d’ombre et de nuit.

De jour, une arène. De nuit, un creuset alchimique.

La proposition forme une aire de jeu, une arène de format carré, de douze mètres de coté environ, délimitée par un muret d’un mètre à un mètre cinquante de hauteur. Le bord extérieur de ce muret est aménagé en pente douce et permet aux visiteurs d’accéder au sommet et de surplomber ce puits carré comme s’ils étaient sur un quai. Huit ouvertures sont pratiquées dans l’épaisseur des digues, et invitent les spectateurs à pénétrer dans l’arène.  Au sol, un diagramme, ou mandala, se précise à la nuit tombée : il correspond aux bords des  faisceaux lumineux qui, la nuit,  animent cet espace.

De nuit, cette aire de jeu devient creuset alchimique. Depuis les huit ouvertures, sous les marches d’accès à l’arène, huit faisceaux lumineux pénètrent et envahissent cette enceinte par vagues successives ou comme une marée, semblant provenir de sources souterraines. Les lumières ne seront pas éblouissantes. Il s’agira à chaque fois d’une chorégraphie de lumières. Leurs mouvements pourront être amples, parfois d’une lenteur presqu’imperceptible, ou vifs et comme bondissant. Je rechercherai une atmosphère lunaire et mystérieuse, à la fois vivante, variée et calme, propice à la méditation. Une colonne d’ombre cependant au centre leur échappe, une coulée de nuit reliée au ciel, un arbre d’obscurité enraciné à cet endroit précis. Les spectateurs, depuis le bord surplombant l’arène, assistent à cet événement au cours duquel le diagramme tracé au sol devient progressivement une architecture de lumière et d’ombre reliant ciel et terre.

Ces spectateurs peuvent aussi devenir acteurs en pénétrant dans l’arène. Si la lumière ici est comparée à la mer, cette ombre qu’elle entoure – invisible ? âme ? être ? – est une île, caressée ou battue par le ressac.

Le titre de l’œuvre est extrait d’un aphorisme de Lao-Tseu :
Non-être et Être sortant d’un fond unique
ne se différencient que par leurs noms.
Ce fond unique s’appelle Obscurité.

Christophe Loyer, juillet 2013

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