À propos des œuvres

Lorsqu’une nouvelle œuvre prend forme j’ai le sentiment non pas d’innover, mais plutôt de surprendre ce qui, dans ce mouvement par lequel il apparaît, semble jaillir ou sourdre depuis un ailleurs auquel je n’accède pas. Ainsi en est-il d’une source, dont on devine qu’elle coulait déjà souterrainement. Dévoilement, ou remémoration, sensation confuse de déjà vu: « oui, c’est bien cela, c’est cela que j’attendais sans le savoir ». Et aussi rencontre : « mais d’où viens-tu, toi que je reconnais et pourtant que je ne connaissais pas? ».
Il me semble alors que la matière obscure d’où surgit cet inconnu est ce sur quoi mon regard à son insu s’appuie pour voir, comme les pieds s’appuient sur le sol pour marcher, et les poissons sur l’eau pour nager.

Dans Sombre Propos, de cette matière j’ai fait le moteur des regards. Dans Le Cirque Philosophique elle est l’oubli. Dans Travail autour des Esquisses, successivement devenu La foudre gouverne toutes les choses, puis Etredir, des personnages esquissés par une main pétrissant rêveusement une poignée d’argile en sont les émissaires obstinés.